7 erreurs courantes sur l'acoustique
Ne laissez pas des problèmes acoustiques gâcher votre projet
Spécialiste de service Marcelo Blasco, directeur de la SPRL Blasco, Acoustic Design & Engineering, s'est attardé sur la théorie et la pratique de l'isolation acoustique. Ici, il tord le cou à quelques idées erronées courantes dans le secteur. Dans cet article, nous en passons déjà quelques en revue.
1. "Grâce au mur de séparation, nous pouvons améliorer l'acoustique dans cette pièce de 10 dB"
Marcelo Blasco: “Il y a, en fait, ici plusieurs erreurs. Le décibel est tout d'abord une unité utilisée pour exprimer différentes grandeurs acoustiques. Si vous dites que vous allez améliorer quelque chose de 10 dB, vous devrez donc d'abord préciser clairement de quelle grandeur vous parlez exactement. Dans la plupart des cas, il s'agira soit de l'indice d'atténuation du son R (isolation contre les bruits aériens mesurée en laboratoire), soit de l'isolation contre les bruits aériens in situ (DA).
Il faut deuxièmement faire attention avec les idées sur une pièce spécifique. Il est, en effet, tout à fait possible que selon la fiche technique, un type de mur de séparation améliore la valeur R de dix décibels par rapport à une certaine solution standard. Sachez toutefois que cette amélioration est mesurée dans des conditions de laboratoire. In situ, c'est-à -dire sur le chantier ou dans sa forme appliquée, le résultat peut être différent (généralement moins bon) en raison des transmissions sonores latérales à travers le plafond, les cloisons, etc... Attention donc aux jugements et promesses!

Enfin, une amélioration de 10 dB correspond à une diminution de moitié de la perception du son."
2. “Les exigences acoustiques ne sont obligatoires que si cela est mentionné spécifiquement dans le cahier des charges"
Blasco: “C'est donc faux. Comme pour l'isolation thermique, la stabilité ou la sécurité incendie, il existe bel et bien des exigences acoustiques imposées par la loi. Pour les bâtiments résidentiels, vous trouverez les exigences dans la norme NBN S01-400-1 (2022), pour les bâtiments scolaires, il s'agit de la norme NBN S01-400-2 (2012) et pour les immeubles de bureaux, les hôpitaux, les maisons de repos, les hôtels... il y a les normes NBN S01-400 (1977) et NBN S01-401 (1987). Ces deux dernières normes seront bientôt remplacées par la NBN S01-400-3. Il est conseillé d'indiquer clairement dans le cahier des charges quelle norme sera suivie et quelle classe de qualité. Cela permet d'éviter toute discussion par la suite.
Un bon conseil: demandez toujours à l'architecte ou à l'entrepreneur principal de quel niveau de qualité il s'agit exactement. Si vous ne le faites pas et que vous placez par exemple partout des grilles de ventilation sans isolation acoustique au-dessus des fenêtres, vous risquez de devoir vous expliquer en cas de plainte. Surtout dans le cas de projets de construction exclusifs comme des maisons ou des appartements de luxe, un juge prendra, si les choses devaient en arriver là , le parti de l'acheteur et exigera un confort acoustique accru."
3. “La laine minérale est une bonne isolation acoustique contre les bruits aériens"

Blasco: La laine minérale joue un rôle important sur le plan de l'acoustique mais n'offre en soi pas de bonne isolation acoustique contre les bruits aériens. Comment expliquer ce paradoxe? Eh bien, la laine minérale est avant tout un matériau à cellules ouvertes et léger. Cela signifie que sa masse est trop faible pour former une barrière adéquate contre le bruit.
La nature à cellules ouvertes permet au matériau d'absorber les ondes sonores. La laine minérale limite autrement dit fortement le temps de réverbération d'une pièce (réflexions des ondes sonores sur les surfaces). Pas étonnant que les baffles, ou les plafonds acoustiques dans les bureaux paysagers contiennent généralement beaucoup de laine minérale.
Dans un vide aussi, il est conseillé de limiter les résonances de la cavité. En remplissant la cavité, dans un système masse-ressort-masse, avec un matériau absorbant le son (comme de la laine minérale), ce système, dont les deux masses sont les composants essentiels, sera encore plus performant. Histoire de nuancer les choses correctement!"
4. “L'isolation acoustique entre deux pièces n'est déterminée que par le mur de séparation direct"
Blasco: “Toute personne avec un peu d'expérience dans le domaine de l'acoustique sait que ce n'est pas vrai. Pourtant, il y a toujours des architectes et des entrepreneurs 'dupant' leurs clients avec des murs de séparation haute performance censés retenir tous les bruits possibles. La vérité, c'est bien sûr que l'ensemble n'est aussi fort que son maillon le plus faible. Le bruit peut, en effet, aussi se propager via les sols, les plafonds, la façade, les passages de conduite, etc. On parle de flanking. Dans l'acoustique, il faut donc toujours regarder l'ensemble."

5. “Le sol flottant vient jusque contre les murs"
Blasco: “Il faut toujours essayer d'éviter les raccords rigides. La séparation de lourdes masses constitue en fait la règle de base pour l'isolation acoustique. Une anecdote amusante: j'ai dû réaliser un jour une expertise dans un immeuble d'appartements à la côte. On entendait au septième étage le glissement des chaises dans le restaurant au rez-de-chaussée! Il s'est avéré que cela était dû au fait que l'on n'avait pas prévu dans le restaurant de joint souple entre le sol et la plinthe mais un joint adhésif dur et rigide. Cela prouve une fois de plus que pour l'acoustique, chaque 'détail' est crucial. Vous avez beau soigner votre travail dans les moindres détails, si vous commettez une erreur au dernier moment, tout est gâché. Il en va de même pour les chapes flottantes: celles-ci doivent toujours être complètement découplées de l'environnement. Si la chape flottante est en contact direct avec les murs environnants, il est impossible d'obtenir de bonnes solutions acoustiques. Il faut donc prévoir une isolation des bords adéquate."
“Du point de vue de l'acoustique, il faudrait en fait interdire le double vitrage symétrique"

6. “Sur le plan acoustique, le double vitrage 4-12-4 est plus performant que du simple vitrage de 4 mm"
Blasco: “Une erreur courante. Un simple vitrage de 4 mm isole bel et bien mieux sur le plan acoustique que le 4-12-4 bien plus performant sur le plan thermique! Le double et triple vitrage ne peut en fait être performant sur le plan acoustique que si sa construction est asymétrique.
D'un point de vue acoustique, celui optant pour du verre de sécurité a intérêt à placer la feuille de verre laminée à l'intérieur de l'habitation. Pourquoi? Si le film PVB se trouvait dans la feuille de verre extérieure, il deviendrait rigide en hiver sous l'effet du froid, ce qui est néfaste sur le plan acoustique. Ce principe va heureusement tout à fait dans le même sens que la législation en matière de sécurité anti-chute!
On trouve aussi sur le marché des films PVB acoustiques. Ils sont désignés par le terme PVBA et sont bien plus performants sur le plan acoustique que les films PVB standard. Attention: il y a différents types et marques parmi les PVBA. Choisissez prudemment car leur efficacité est souvent très diverse. Le prix peut, lui aussi, varier fortement!"
7. “Grilles de ventilation et acoustique sont inconciliables"
Blasco: “Il existe bel et bien des grilles de ventilation performantes sur le plan acoustique. Le problème est souvent ici l'interprétation des fiches techniques. La grandeur utilisée pour les performances de la grille est, en effet, différente de celle utilisée pour les performances de la fenêtre et du vitrage. Il ne faut donc pas comparer ainsi ces deux valeurs! Informez-vous correctement. Et enfin, si les exigences acoustiques sont très strictes, par exemple à Zaventem ou juste à côté d'une route très fréquentée, il vaut peut-être mieux opter pour une ventilation équilibrée et ne pas prévoir de grilles de ventilation sur la façade."